La plongée CMAS dans le monde.
Par Webmaster le 16 avril 2021.

Tous les plongeurs de l’hexagone connaissent la CMAS au moins de nom. Dans nos clubs, on nous a toujours appris que c’est grâce à la Confédération Mondiale des Activités Subaquatiques que nous avons une reconnaissance internationale de nos brevets fédéraux. Dans nos esprits, la CMAS est une organisation tentaculaire qui regroupe 130 fédérations sur 5 continents et qui régente de nombreux sports de compétition comme l’apnée, le hockey sub, la chasse sous-marine, la nage avec palme et encore quelques autres. En résumé, c’est un monstre qui surpasse tous ses concurrents. Du moins, c’est l’idée que l’on s’en fait et que l’on nous vend si fièrement.
Mais au-delà de tout ces clichés et plus particulièrement en ce qui concerne la plongée sous-marine en scaphandre, qu’est-ce que représente la CMAS sur le plan mondial ?

Les brevets CMAS
Brevet FFESSM/CMAS de plongée

L’objectif n’est pas de comparer la CMAS aux autres organisations, mais plutôt d’avoir un aperçu de l’activité des nombreuses fédérations qui composent la CMAS. Comme bien souvent, les statistiques des différentes organisations qu’elles soient commerciales ou à but non-lucratif ne sont que rarement publiées et il en est de même pour la CMAS. Cependant, même s’il n’existe pas de statistiques officielles, nous pouvons trouver quelques chiffres diffusés discrètement par des membres de l'organisation. Même si pas récents, ils nous permettent de se faire une petite idée de la question sachant qu’en l’espace d’une décennie ou plus, on s’aperçoit que le paysage de la plongée sous-marine est resté relativement stable.

  • La France représente, à elle seule, environ 50% des certifications CMAS plongée dans le monde.
  • L’Italie, l’Allemagne, La Belgique, l’Espagne et la Suisse comptabilisent entre 35% et 40% du total.
  • L’Ensemble des autres pays qui composent la CMAS se partagent les 10 à 15% restants.
  • La CMAS totalise moins de 1% des certifications de plongeurs dans le monde alors que PADI s'en octroie environ les deux tiers.

L’Egypte qui est un pays de premier plan pour la plongée ne réalise quasiment aucune certification CMAS alors qu’il existe bien une fédération nationale (EDLF : Egyptian Diving & Lifesaving Federation) ! Dans ce pays comme dans bien d’autres, les écoles nord-américaines dominent largement le paysage.
Cette répartition doit varier légèrement chaque année, car le plus gros pourvoyeur en carte de la CMAS voit sa production chuter régulièrement depuis de nombreuses années. En effet, les bilans annuels de la FFESSM nous montrent que le volume global des brevets chute inlassablement et de façon régulière pour atteindre, tout de même, une belle dégringolade de 24% entre les années 2000 et 2018.

Que pouvons-nous en tirer de tous ces chiffres ? Que si la CMAS est bien une organisation mondiale, sa section plongée est avant tout essentiellement Européenne et se limite à quelques pays de sa façade ouest. Que la France reste le dernier vrai bastion CMAS dans le monde. Ceci est possible grâce à une gouvernance du sport en France qui permet aux fédérations de détenir un quasi-monopole au détriment des autres acteurs. Pour la plongée, ce régime est renforcé par le statut d’environnement spécifique qui impose une réglementation partisane (écrite par la FFESSM elle-même. Lire l'article "La plongée en France, terrain de chasse sous haute surveillance") au bénéfice unique de l’école française et de son mode d’organisation. Ce régime de la plongée s’apparente d’ailleurs beaucoup plus à un système autoritaire que démocratique.

Comme on a pu le voir dans l'article "La plongée est libre en France" l'homogénéité des formations/certifications n'est pas une grande qualité du système CMAS et c'est d'ailleurs une des principales raisons qui a fait que beaucoup de pays ont préféré adopter le modèle nord-américain beaucoup plus lisible et cohérent. À ce sujet, il est intéressant de lire le texte suivant que l'on peut lire sur le site de notre fédération nationale :

  • La CTN est active au sein de sa Commission Technique (Technical Committee) qui travaille à l’harmonisation des cursus entre toutes les entités membres, cela permet la reconnaissance internationale de nos brevets, et vous permet la reconnaissance de votre diplôme et la pratique dans le monde entier

S'il y a un mot qui ne semble pas être à sa place dans cette phrase, c’est bien le terme « harmonisation ». En effet, la particularité, pour ne pas dire la singularité, qui caractérise le cursus plongeur (N1 à N5) de la FFESSM est bien la profonde discordance qui le distingue de celui de la CMAS. On peut même affirmer sans trop se tromper que le cursus français de plongeur est celui qui s’écarte le plus des standards de la CMAS. Cette dernière ne s’est d’ailleurs pas privé d’adresser quelques remarques (sans résultat) à la FFESSM par le passé. Même si chaque fédération est libre de cultiver ses spécificités, il n’en demeure pas moins que ce fort décalage est assez étonnant pour une fédération qui s’en revendique membre fondateur !

Au final, on se retrouve bien loin de la belle image que l’on nous avait si fièrement présentée lors de nos cours au bord de la piscine. La CMAS plongée ressemble plus à un patient sous perfusion qui ne doit sa subsistance qu’à des moyens de ventilation artificielle.

Pour aller plus loin sur le sujet je vous invite à lire les articles « Pourquoi avons-nous un CDS » et « Coup de gueule au sujet du CDS 2012 » sur le site recycleur.free.fr.