Existe-t-il une alternative au système français ?
Par Webmaster le 11 novembre 2023.
Les lecteurs qui ont lu "Les différents modes de pratiques de la plongée" ne seront pas surpris par le titre de cet article et en devineront certainement le contenu. Une question pourra néanmoins se poser : pourquoi aurions-nous besoin d'une alternative à notre système de plongée ?
Certains nous dirons nul besoin au vu de la grande qualité du système actuel et de la diversité des offres présentes autant françaises qu'anglo-saxonnes. Mais comme beaucoup ne l'ignore pas, l'hexagone est l'un des rares pays où l'on peut parler d'offres officielles (exploitables en France) et d'autres qui le sont moins voire pas du tout. Moins car les brevets autres que nationaux n'apparaissent pas dans le code du sport et en corollaire perdent une grande partie de leur intérêt pour plonger sur notre littoral en structure. Pourquoi faire une formation que vous ne pourrez pas exploiter pleinement là même ou vous souhaitez plonger ?
La seconde question serait : pourquoi changer un système qui a fait ses preuves ?
La seule preuve que notre système a pu nous apporter est qu'il nous permet de plonger. Mais correspond t-il à la demande de tous les plongeurs confirmés comme débutants ? Difficile de se prononcer car nous n'avons jamais pu le mettre, de façon concrète sur le terrain, en concurrence avec d'autres systèmes. La raison nous la connaissons et s'appelle "environnement spécifique" ou "Code Du Sport". Ce dernier a justement été mis en place pour interdire toute confrontation avec des modèles étrangers. En effet, aucune école autre que nationale ne peut faire plonger légalement un de ses membres avec son brevet en France. Seuls les plongeurs CMAS étrangers peuvent utiliser leur certification dans notre espace aquatique. Cependant il faut bien noter qu'aucune autre école que la FFESSM ne peut délivrer des cartes CMAS sur le territoire français. Ceci est une règle CMAS. Cette dernière interdit, de facto, de développer une offre CMAS étrangère dans un pays où réside une fédération nationale membre de la confédération. Ceci dit, comme beaucoup de plongeurs ont pu le constater la FFESSM ne s'encombre pas avec ce genre de considération et ne se prive pas de dispenser ses propres formations dans des pays ayant une fédération nationale affiliée à la CMAS (Égypte, Thaïlande, etc.). Par contre elle s'assure bien qu'aucune école affiliée à la CMAS ne vienne empiéter sur son territoire. Comme mentionné dans d'autres articles que vous avez pu lire la fédération délégataire s'assure, grâce au CDS, le monopole de l'activité dans l'hexagone ainsi que l'exclusion de toute école étrangère sur son territoire. En corrolaire elle évite ainsi toute comparaison qui pourrait lui être préjudiciable.
Cela n'empêchera pas les ultra-nationalistes de la plongée de scander leur ritournelle habituelle et de nous affirmer que tout le monde peut plonger en France sans discrimination. Ils omettront, bien sûr, de vous signaler que votre brevet, non français ou non CMAS, n'a pas de réalité officielle et devra alors être convertit par un savant tour de passe passe en une aptitude (terme consacré) comme défini par le CDS. Les professionnelles de la plongée française (FFESSM y compris) ne vont tout de même pas se priver de faire entrer quelques deniers dans les caisses surtout par les temps qui court !
Donc au final un seul cursus concurrent légal est possible en France et c'est celui de la confédération Mondiale des Activités Subaquatiques (CMAS). Il ne serait donc pas idiot de comparer le modèle CMAS, version maison mère, à celui proposé par la FFESSM. J'entends, bien sûr, une voix se lever et nous affirmer qu'il existe d'autres formations françaises, non FFESSM, dans l'hexagone. En effet, mais ces dernières ne sont que des copies pour ne pas dire vulgaires reprises du modèle fédéral. C'est pour cette raison que notre modèle de plongée est qualifié de mono-culturel car quel que soit l'école (FFESSM, ANMP, SNMP, FSGT) qui dispense la formation le contenu est identique à quelques détails près et les diplômes délivrés de même. D'ailleurs aucun moyen d'y échapper car tout est immuablement gravé dans le marbre du CDS. Certains organismes, comme la FSGT, essayent de proposer une logistique ou un mode d'organisation légèrement différent de celui proposé par la fédération délégataire mais cela ne modifie en rien la finalité, ni les contenus intrinsèques des formations qui n'ont aucun autre choix que de coller au modèle imposé. Dans le monde professionnel le syndicat ANMP (Association Nationale des Moniteurs de Plongée) est d'ailleurs souvent décrit comme la filiale low cost de la FFESSM car vous pouvez passer les mêmes brevets que chez le leader français en faisant l'économie de la licence et souvent avec moins de tracasseries voire plus de facilité. Il est de notoriété publique que si vous n'obtenez pas votre brevet niveau 4 fédéral, vous aurez alors toutes vos chances dans une école ANMP. Et au final les N4 qu'ils soient fédéral ou ANMP sont reconnus comme identiques et vous permettront de postuler à la formation FFESSM de moniteur fédéral 1er degré.
Au même titre la formation de cadre brevet d'état DEJEPS (ex : BEES1) n'est qu'une pâle copie du MF1 saupoudrée de quelques artifices pour lui octroyer le titre de formation professionnelle. Le DE (Diplôme d'Etat) peut ensuite réaliser à sa convenance des formations FFESSM, ANMP, SNMP ou encore FSGT en adhérent tout simplement à l'organisme de son choix. Pas besoin de réaliser le moindre cross-over (puisque système mono-culturel) comme cela est le cas avec des formations RSTC (PADI, SSI, etc.) ou encore CMAS étrangères. Le système de plongée français est comparable aux appareils électroménagers, un seul modèle de machine est décliné sous différentes marques. C'est uniquement l'habillage extérieur avec le logo ad hoc qui change et c'est ni vu ni connu.
Pour rappel on se pose donc la question du choix entre le cursus CMAS original et celui dispenser par la fédération française. Pour argumenter dans le sens de la confédération on peut avancer les points suivants :
- un cursus de formation plus cohérent et conforme aux cartes CMAS 1, 2 et 3 étoiles délivrées (loin d'être le cas avec les niveaux français),
- une meilleure homogénéité et lisibilité des formations dans le monde entier,
- une meilleure reconnaissance internationale grâce à un cursus connu et reconnu dans le monde entier,
- un modèle de plongée plus en accord avec les systèmes internationaux,
- un système qui privilégie les formations de plongeur autonome et remet le plongeur au cœur du parcours en le responsabilisant d'avantage,
- un développement à l'international plus crédible et certainement plus aisé.
Une des premières caractéristiques que l'on peut constater dans l'école CMAS est qu'elle privilégie, au même titre que les agences nord-américaines, la formation des plongeurs autonomes. L'encadrement des plongeur est, bien sûr, également possible pour gagner en expérience mais dans une moindre mesure que ce qui se fait dans l'hexagone avec la multitude de brevets de plongeurs non autonomes (aptitudes PE). On peut d'ailleurs noter qu'à la CMAS la recommandation pour la plongée loisir à l'air se limite à 40 mètres (consensus quasi mondial) même si un plongeur CMAS*** peut effectivement dépasser cette limite. Pour les plongées réalisées au-delà de la limite de la plongée loisir la formation "Extended Range Nitrox" est vivement recommandée. Ces derniers points sont des marqueurs forts que l'on retrouve dans beaucoup d'autres cursus étrangers que ce soit RSTC mais aussi CMAS (Suisse, Grande Bretagne, etc.). La France étant sans conteste le pays formant le plus de plongeurs encadrés au sens strict du terme et donc avec la responsabilité légale qui s'y applique.
A la CMAS la responsabilisation de l'individu est la priorité et on la retrouve immédiatement dans la formation du plongeur 1 étoile qui obtient des prérogatives d'autonomie (relative dans un premier temps) à 20 mètres. Le plongeur 2 étoiles est également un plongeur autonome mais en plus avec des prérogatives à 30 ou 40 mètres fonction de la formation suivie. Le plongeur 3 étoiles est un plongeur autonome et dive leader avec des prérogatives à 40 mètres (avec extension jusqu'à 56 mètres). Ce dernier peut également avoir une activité d'assistant instructeur et surtout organiser des plongées en milieu naturel. La qualification de directeur de plongée spécifique à la France n'existe pas à la CMAS comme dans aucune autre école (Europe ou monde). Certaines tâches qui incombent au DP français se retrouvent donc chez le plongeur CMAS 3*. Cette distinction permet aussi de remettre le plongeur au cœur du système en le responsabilisant d'avantage dans ses choix personnels et en fonction de son brevet alors que dans l'école française toutes les responsabilités sont supportés par le seul DP avec en corollaire l'énorme inconvénient d'infantiliser à outrance les plongeurs.
L'autre point marquant à la CMAS, comme dans tous les autres systèmes internationaux, est la façon d'appréhender la profondeur et plus particulièrement l'espace au-delà des 40 mètres. Historiquement les plongeurs CMAS avaient une vision proche de celle que l'on connait en France. Cependant les points de vue ont progressivement évolués avec le temps et l'influence nord-américaine n'y est certainement pas étrangère. Doucement mais surement la définition de la plongée loisir a évoluée vers une approche plus douce, moins sportive pour s'adapter au plus grand nombre, et surtout moins profonde. La profondeur reste toujours accessible, dans des limites admissibles avec de l'air, mais avec le renfort de formations spécifiques (Advanced Nitrox & Extended Range Nitrox) qui nous ouvrent les portes de la plongée technique sans pour autant avoir recours à un mélange gazeux ternaire (trimix : mélange composé d'hélium, d'azote et d'oxygène) comme c'est le cas en France. Dans l'hexagone, il faut se lancer dans la formation Trimix Normoxique pour enfin découvrir des techniques propres à la plongée profonde et qui seraient directement exploitable pour des évolutions à l'air.
Un dernier point important concerne la lisibilité et la cohérence de notre système et de façon générale celles de tous les cursus des fédérations adhérentes à la CMAS. Cet aspect est certainement ce qui a entrainé le déclin des écoles CMAS à travers le monde au profit des agences du RSTC (PADI, SSI, NAUI, etc.). Chaque fédération affiliée à la CMAS à son propre cursus différent, à des degrés divers, de celui de la maison mère. Les cartes CMAS ne servent qu'à donner une équivalence aux brevets de ces fédérations mais pour une même carte CMAS il y a autant de formations différentes que de pays membres. Cette forte hétérogénéité a contraint les centres de plongée aux quatre coins du monde à opter pour une formule plus lisible/compréhensible, mieux organisé et au final beaucoup plus simple pour le quotidien des personnels qui accueillent une clientèle étrangère variées.
En conclusion on peut constater que le modèle CMAS, maison mère, a su évoluer dans le bon sens pour s'adapter à la demande et à l'évolution des techniques en s'inspirant de ce qui se fait ailleurs dans le monde. Les cadres français ont, de leur côté, préféré s'enfermer dans une doctrine conservatrice et se concentrer sur la protection du modèle pour lui éviter toute confrontation qui pourrait avoir une issue fatale. De plus le système CMAS présente l'énorme avantage comme alternative par rapport à l'école RSTC d'être reconnu par le code du sport et donc directement exploitable sur tous les territoires français. Autre point non négligeable, tous les moniteurs fédéraux peuvent l'enseigner directement sans cross-over car ils sont de fait moniteurs CMAS.